La CAPEB 71 a reçu les candidats aux élections législatives pour exposer ses priorités et débattre avec eux sur les attentes de l’artisanat du bâtiment et les propositions de la CAPEB 71.
Voici leurs positions sur le thème n°5 : Comment défendre l’avenir de l’artisanat ?
Comment défendre l’avenir de l’artisanat ?
C’est Toni SPINAZZE, artisan électricien, ancien président de la CAPEB 71 et actuel président de l’Union des Entreprises de Proximité (U2P 71) de Saône-et-Loire, qui a interpellé les candidats sur ce dernier thème du débat :
« L’artisanat représente 1,3 millions d’entreprises dont 12 000 en Saône-et-Loire. Il est une chance pour la France et notre département. Présent partout sur le territoire, il contribue à la vie dans la ruralité. Il favorise l’ascenseur social par l’apprentissage. Il apporte de services indispensables aux populations et aux plus grandes entreprises. Il représente un mode d’entreprise à taille humaine… Et pourtant, depuis 40 ans, l’artisanat est bien malmené !
Que faire pour lutter contre la concurrence déloyale de la micro-entreprise, qui vide l’artisanat de sa substance ?
Que faire contre l’émergence d’un entrepreneuriat « low cost », sans qualification, sans formation contraire à la qualité artisanale, au respect des savoir-faire, aux exigences accrues des nouvelles réglementations ?
Que faire face au développement du travail détaché ?
Que faire face à l’émergence des plateformes numériques, des réseaux qui veulent cannibaliser les activités des TPE, avec des conditions sociales et économiques très contestables ?
Que faire pour encourager la création d’entreprises de proximité fiables et pérennes pour que demain chacun puisse trouver un électricien, un plombier un mécanicien un coiffeur, un boulanger compétent, disponible et pas très loin de chez lui ?
Finalement avec l’avenir de l’artisanat, c’est aussi toute la qualité de vie des citoyens qui est en jeu ! ».
Les réactions des candidats :
« Ce que vous décrivez, c’est exactement le modèle qui est très original en France… Toute la question, c’est d’arriver à la fois à maintenir la force des petits et notre proximité et la richesse de nos savoir-faire (…).
Dans tous les territoires, on a des artisans liés à l’histoire et au patrimoine. C’est un formidable défi au moment de la mondialisation : comment on défend, on préserve, on encourage, on accompagne ce modèle français pour qu’il rayonne et qu »il diffuse…? Comment on réinstaure de l’économie locale avec une dynamique extérieure pour pouvoir faire venir des gens d’autres territoires ? (…). Tout est question de pilotage et d’encadrement. Il y a aussi cette idée de planification ».
Antonio DOS SANTOS, administrateur CAPEB 71 a rappelé aux candidats que les artisans attendaient de la simplification, de la reconnaissance et une primauté dans les marchés publics.
« Dans ce dernier thème on retrouve les problématiques des petites communes… Pour favoriser l’économie locale, les petites communes rachètent les commerces de manière à faire des tarifs de location qui sont très faibles (…).. On créé naturellement un fonds d’aide à la création reprise. L’une des difficultés, c’est d’avoir des terrains dédiés pour aider les artisans à s’installer.
Je serai favorable pour encadrer la micro entreprise à 3 ans (…). J’ajouterai un deuxième volet de limitation d’un chiffre d’affaires qui soit bas (…).
Dans le dialogue social, la voix des petits n’est pas entendue. Je comprends votre combat : 1 voix , 1 entreprise (…).
Aujourd’hui, la majorité présidentielle ne va pas réformer le régime de la micro-entreprise ».
« La microentreprise c’est un régime social et fiscal. Un artisan peut tout à fait être micro-entrepreneur et il y a déjà une limitation du chiffre d’affaires (…). Il y a un cap car celui qui se développe n’a plus droit au régime. Il y a un sujet sur le contrôle et la qualification (…).
Beaucoup de gens ne faisaient pas le stage préalable à l’installation car ils étaient dispensés. Il faut mettre la formation au bon moment…Le sujet, c’est que l’on ait la capacité d’offrir des formations à nos entrepreneurs à tout moment. (…) »
Il y a certainement des choses a améliorer. Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de problèmes (…). Peut-être qu’il faut discuter des seuils ? (…). Supposons que l’on supprime la micro, ce que vous décrivez comme dérives et que je déplore, est ce que ca va changer ? Est ce que les mauvais comportements sont liés au régime social et fiscal ? C’est la question que je pose (…). Les comportements délictuels peuvent exister aussi sur d’autres régimes ».
« Sur la micro-entreprise, je suis favorable à ce que ce soit un régime social et fiscal dérogatoire pendant 2 ans (…). La réalité, c’est qu’il y a beaucoup de multi-services et de gens qui s’installent pour faire tout et n’importe quoi et qu’ils ne sont pas soumis aux même impératifs de qualification que les artisans. Limiter à 2 ans cela freinerait aussi ceux qui font de la micro-entreprise pour couvrir une part d’activité au noir importante à coté (…).
Sur l’obligation de formation il faut rappeler que dans beaucoup de secteurs elle existe déjà. Il ne faut pas attendre qu’une entreprise se développe pour dire au chef d’entreprise, on va vous former…Il faut que chacun ait conscience, dès la création, de ce qu’est la gestion d’une entreprise, ce que seront les impératifs administratifs (…) Car effectivement, au bout de 2 ou 3 ans nous voyons des gens aller chercher de l’aide car ils n’ont pas pris conscience de l’environnement dans lequel il étaient. C’est à la création qu’il faudrait peut être rendre obligatoire l’acquisition de ce qu’est une entreprise (…).
L’esprit de la micro-entreprise au départ, c’était bien d’être un tremplin ».
« L’équité est quelque chose qui est essentiel et on ne voulait pas en arriver là ! Ce souci d’égalité, d’équité, il est majeur eu sen des professions et avoir constamment le sentiment d’être dans une concurrence déloyale nourrit des frustrations terribles. Donc je suis totalement d’accord pour qu’on les combatte (…).
Nous devons revenir sur le dispositif de la microentreprise qui a des effet délétères sur les entreprises et qui les décourage ».
« Nous sommes tout à fait pour une micro-entreprise de courte durée (…). pour que cette concurrence déloyale ne puise pas durer (…). Il faut remettre les choses à plat avec vous et peut être aussi faire plus de contrôles sur ce genre de dispositifs (…).
Il y a aussi le fait de la réimplantation dans les zones rurales qui est très important. Il faut inciter les jeunes à rester dans ces zones un petit peu désertiques avec des incitations fiscales à l’installation (…).
La voie de l’apprentissage est aussi très importante et il faudrait faire quelques heures pour pouvoir expliquer ce qu’est la micro-entreprise, ce qu’est un véritable artisan, les contraintes, les avantages et faire découvrir les facette de leurs métiers ».
Eric PATRU 2ème vice-président CAPEB 71, a interpellé les candidats sur le fait que BERCY ne réagissait pas face aux micro-entreprises qui ne déclarent aucun chiffre d’affaires :
« .Ce qui me choque, c’est que vous ne faites pas la différence entre une entreprise artisanale de droit commun et la micro-entreprise. Je ne voie pas pourquoi à BERCY les voyants ne s’allument pas quand des gens créent une entreprise et ne déclarent aucun chiffre d’affaires… Il y a de la fraude (…) Les chiffres sur le travail au noir le montrent, il y a de la TVA qui en rentre pas dans les caisses et vous ne faites rien (…). Une micro, ce n’est pas une entreprise à part entière ».
C’est Denis GUIGUE, le président de la CAPEB 71, qui a clôturé le débat en remerciant tous les participants pour leurs interventions et la qualité des échanges.
Il a aussi rappelé que la CAPEB 71 serait toujours là, au côté des parlementaires, pour travailler avec eux et dans le bon sens pour défendre les valeurs de l’artisanat.
La CAPEB 71 remercie très sincèrement tous les participants à ce débat et elle espère qu’il aura apporté des éclairages aux artisans du bâtiment sur les positions des différents candidats face aux attentes de notre secteur et de la CAPEB 71.
Bon vote les dimanches 12 et 19 juin 2022 !
Relire la série de nos articles sur les élections législatives :
Législatives #5 – Comment simplifier le quotidien administratif des artisans ?
Législatives #4 : comment baisser les charges sociales et fiscales ?
Législatives #3 : Comment soutenir l’activité dans le BTP ?
Législatives #2 : Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre ?
Législatives #1 : La CAPEB 71 expose ses priorités aux candidats