La CAPEB 71 a reçu les candidats aux élections législatives pour exposer ses priorités et débattre avec eux sur les attentes de l’artisanat du bâtiment et les propositions de la CAPEB 71.
Voici leurs positions sur le thème n°2 : Comment soutenir l’activité dans le BTP ?
Comment soutenir l’activité dans le BTP ?
Pascal BOSQUET, 1er Vice-Président CAPEB 71 a interpellé les candidats sur la conjoncture économique dans le BTP :
« La situation économique du pays est tendue, les déficits sont très importants, le poids des prélèvements obligatoires est très élevé, donc les marges de manœuvre très réduites. L’inflation est de plus en plus forte, les entreprises font face à des hausses de prix continues et insoutenables… La situation financière des entreprises se dégrade, les marges sont très impactées (55 % des entreprises n’ont pas pu répercuter les hausses de prix de matériels et matériaux en 2021) et des signes montrent que les clients commencent de réduire leurs investissements… Et comme chacun le sait, quand le bâtiment va, tout va ! Alors, quelles mesures pour soutenir l’activité économique ? »
Les réactions des candidats :
« On partage tous les constats. Malheureusement cela ne date pas d’hier… (…) On a le dispositif de MaPrimeRenov’ qui ne marche pas si mal. Il s’adapte aux rémunérations des bénéficiaires. On doit aider de façon ciblée les ménages les plus modestes. Il faut essayer de revaloriser les contrats. On l’a fait pour les marchés publics (…). On a réactivé les cellules de médiation de l’énergie. Il faut faire appel à elles. La TVA c’est une discussion que l’on peut avoir. Ce n’est pas totalement simple. La TVA va avoir un effet sur toute la population. On est plus sur l’idée qu’il faut cibler les aides. Sur la TICPE flottante c’est un peu la même idée. On a eu beaucoup de mesures de protection contre la hausse de l’énergie. Il faut renforcer les mesures d’aides aux consommateurs pour que vous puissiez passer les hausses de prix (…). Il faut faire du ciblage plutôt que des mesures générales qui sont coûteuses et injustes (…).
Je partage vos constats sur les questions de simplification (…) Cela vous met en insécurité juridique et cela crée de l’inéquité totale avec les grosses structures (…). Il faut que l’on revoie les choses. «
Bernard LOISEAU a interpellé avec force les candidats sur « l’économie aidée et toutes les subventions qui existent dans un contexte flou et qui favorise l’émergence d’acteurs peu scrupuleux qui font n’importe quoi et qui profitent du système avec de la main-d’œuvre « low cost » et le recours à des micro-entreprises…. (…) Alors que les artisans sont soumis à des contraintes comme le RGE. Il faut contrôler ces nébuleuses qui gravitent autour de cette économie aidée ».
« Sur les contrôles il y a beaucoup de choses à améliorer. Le débat est exactement sur le problème de l’économie aidée. Les 1ers touchés par les hausses des coûts de l’énergie sont ceux qui sont dans l’économie rurale et qui doivent se déplacer. On n’en a pas toujours conscience quand on a une vision métropolitaine de l’économie. (…)
Il faut ouvrir le débat sur la TVA. Il faut baisser au moins temporairement, la TVA sur l’essence et faire une TICPE flottante… Ce qui m’intéresse, c’est de savoir que les gens peuvent vivre convenablement de leur travail et que les entreprises artisanales vont survivre (…). Il va être difficile d’agir sur le coût des matières premières qui viennent de l’étranger. L’autre solution c’est d’agir sur le coût de l’énergie. Il faut baisser temporairement les taxes au lieu de mettre en place des systèmes complexes (…). On est le pays de l’OCDE avec le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé. Ce qui est important aujourd’hui, c’est la baisse des charges. Il faut plus de justice fiscale. Il faut plus de justice entre celui qui est seul et la grosse entreprise. L’intervention de l’Etat doit être sur cette fiscalité du quotidien (…). Je préfère que les mesures bénéficient à tous ».
« Je partage la position de M. LANDRE sur la question de l’économie aidée. Il y a un sujet sur ça. On pense qu’il faut simplifier et réduire les charges qui pèsent sur vous et notamment l’impôt sur les sociétés (…).
Tout ça est dû aussi à une perte de notre souveraineté due à certaines règles européennes. Par exemple vous perdez en compétitivité par rapport aux travailleurs détachés. On souhaite sortir un peu de ce carcan en réaffirmant que le droit français prime sur le droit européen (…).
Le coût de l’énergie vous impacte alors qu’il y a quelques années on avait l’énergie la moins chère d’Europe et la plus décarbonée grâce à notre part nucléaire. On se félicite du revirement de M. MACRON à ce sujet-là mais on a perdu beaucoup de temps…
Il faut pouvoir choisir le localisme. Il faudrait un vrai élan, un vrai soutien pour que les appels d’offres soient d’abord proposés à des entreprises locales sans un certain rayon ».
« C’est vrai que ces mesures ponctuelles manquent de visibilité… C’est mauvais pour l’économie. Nous pensons qu’il y a des leviers dont la TVA… Cela doit profiter à l’ensemble de l’économie….
Il y a des choses qui ont été faites mais le problème c’est que ces mesures s’arrêtent au milieu du gué… L’Etat a tellement besoin d’argent que des contre-mesures arrivent immédiatement qui pénalisent ce qui a été fait précédemment. Si bien que les réformes ne produisent jamais leurs effets. On l’a vu avec le CICE (…). Toutes les mesures prises en matière économique n’ont jamais produit la totalité de leurs effets (…).
Oui, nous devons privilégier l’accès aux marchés publics pour nos entreprises. C’est une évidence. Ce n’est pas fait et cela crée des disparités… ».
« Ce qui est intéressant dans ce débat, c’est la simplification… M. MACRON quand il était Ministre de l’économie, il y avait un Président de la République qui disait, je vais faire un choc de simplification… Aujourd’hui personne ne le voit ! Au contraire, le sentiment que l’on a c’est que plus personne n’y comprend rien (…).
On ne parle pas de pauvreté, pourtant elle existe (…) notamment avec la précarité énergétique… Nous voulons engager un plan de rénovation de toutes les infrastructures. C’est un soutien à l’activité du BTP. Il y aura au moins 10 milliards dans la rénovation des bâtiments (…). On doit refaire l’isolation d’au moins 700 000 logements par an et privilégier les rénovations complètes (…). L’éco-prêt à taux zéro est une chose importante mais il faut donner une visibilité à 3 ou 5 ans…
Dans votre livre blanc, il y a 3 choses pertinentes : le maintien du comité de crise du BTP pour fluidifier le fonctionnement de la filière, un mécanisme de bouclier tarifaire et le réajustement automatique des aides à la rénovation énergétique notamment pour les ménages les plus précaires… Cette réflexion là, nous devons la mener (…). Il faut aussi agir au niveau de l’Europe. Il faut pouvoir faire des appels d’offres sur des circuits courts (…) et rapatrier dans le domaine public, un certain nombre de choses comme l’énergie. Il faut l’Europe de la proximité (…).
(A suivre dans un prochain article : législatives #4 : les réactions des candidats pour baisser les charges fiscales et sociales)
Relire nos articles précédents :
Législatives #2 : Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre ?
Législatives #1 : La CAPEB 71 expose ses priorités aux candidats